François Demers, « Si on parlait de la famille », Le Soleil [de Québec] (23 août 1975)


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Date: 1975-08-23
Par: François Demers (Le Soleil)
Citation: François Demers, « Si on parlait de la famille », Le Soleil [de Québec] (23 août 1975).
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Name of Publication Nom de la publication
LE SOLEIL

Date
AUG 23 1975

Colloque libéral

Si on parlait
de la famille

par François Demers

Tenir un colloque prestigieux a été la première
décision prise par l’exécutif du parti sous ma
présidence, raconte le président du Parti libéral, le
notaire Claude Desrosiers. C’est moi qui en ai proposé
la possibilité. Je me disais que ça aiderait à aérer
l’atmosphère. »

Dans une entrevue accordée à un journaliste du
SOLEIL a l’occasion de la tenue en fin de semaine au
Mont Gabriel d’un colloque sur « le Québec des années
« 80 », M. Desrosiers a par ailleurs tenu à souligner que
cette manifestation se voulait non partisane.

« Beaucoup des personnes qui ont été invitées,
a-t-il précisé, ne sont pas membres du parti. Si je
n’avais qu’un but partisan et si j’avais le choix entre
une série télévisée et un colloque, je choisirais la
série télévisée. »

D’autant plus, qu’il n’y a pas beaucoup de
mouvements politiques qui pourraient se payer une
telle manifestation, ça demande énormément de
préparation et pas très loin de $50,000. » Le dernier
colloque de ce genre, celui de 1973 au Mont Orford,
aurait coûté quelque $20,000.

Aux yeux du président du PLQ, cet événement
revêt donc un caractère « peut-être un peu gratuit » par
rapport aux préoccupations immédiatement parti-
sanes.

Mais il ne s’agit de rien de gratuit par rapport à
l’objectif qu’il s’était ?xé au début de sa présidence
en novembre dernier relancer le Parti libéral sur la
scène des grands débats intellectuels.

Un thème de transition

C’est lui qui a « presque imposé » le thème « La
famille » aux activités 1975 du PLQ. « Les militants
étaient habitués à traiter de tout et, à mon avis,
souvent de rien, explique-t-il. Le thème « La famille »
avait l’avantage de pouvoir servir de transition vers le
retour au thème unique ».

ll colloques régionaux ont donc été tenus sous ce
thème. Et, même si au cours de cette période, les
dirigeants du parti n’ont pas voulu être trop directifs
et exclure tout autre sujet de discussion, l’opération
aura permis, aux militants, croit M. Desrosiers,
d’identifier les problèmes qui assaillent la famille.

« Il fallait, précise-t-il entraîner nos militants qui
ont perdu l’habitude de se concentrer, de vider un
sujet. J’ai voulu un thème ou ça leur serait facile. »

Bien sûr, le parti libéral aurait pu choisir un
thème politiquement plus chaud, dans les domaines
économiques ou politiques Mais il y avait risque,
estime M. Desrosiers, qu’un bon nombre de militants
préfèrent le laisser débattre par les spécialistes. Et de
citer en exemple le cas des investissements étrangers,
qui peut facilement être étudié par la commission
politique du parti ou par les experts du gouvernement
vis-à-vis desquels nombre de libéraux ne se
sentent pas personnellement impliqués. Avec la fa-
mille, au contraire, chacun d’eux « est pris aux tripes ».

Le colloque du Mont Gabriel arrive maintenant à
point pour indiquer certaines solutions à ces proble-
mes. Du moins, espère, le président du PLQ, les
experts qui y ont été invités devraient pouvoir pointer
des pistes à suivre. Même si, la encore, la direction du
parti a préféré « faire des compromis » et greffer au
thème « La famille » deux autres sujets très proches:
« Les relations humaines et le travail ».

Le notaire de Rosemont espère ainsi que les
militants libéraux vont vider ce sujet avant que ne se
termine son mandat, en novembre prochain. Un
groupe de travail du parti doit d’ailleurs, au cours de
l’automne, rencontrer tous les corps intemédiaires
intéressés a la famille et recueillir les solutions qu’ils
proposent.

Parallèlement, à travers les quelques congrès
régionaux qui doivent avoir lieu a cette même époque,
M. Desrosiers entend bien forcer un peu la main des
militants et les pousser vers l’élaboration de solutions.
De telle sorte qu’il soit possible de se présenter au
prochain congrès général avec un « cahier de solutions ».

Et s’il le faut, le congrès annuel sera retarde de
deux ou trois mois. Il doit d’ailleurs en être question
au conseil de direction du parti qui sera tenu au cours
de la fin de semaine, en parallèle au colloque

Fin de carrière

Car le président du PLQ confirme sa volonté
arrêtée d’abandonner sa fonction dès la fin de son
actuel mandat d’un an. « Je n’ai pas, précise-t-il la
disponibilité physique de faire deux mandats. Point
final.

D’ailleurs, je l’ai dit dès le début, avant même
d’accepter la présidence ».

Ce poste-là, explique-t-il, c’est vraiment très
accaparant. Il faut administrer un budget de quelque
$900,000. A la permanence, il y a une trentaine de
personnes. Y’a des décisions à prendre à toutes les
semaines. Y’a surtout les militants à rencontrer. Et les
militants étaient un peu gâtés là-dessus. Ma prédéces-
seur, Lise Bacon, avait obtenu un congé sans solde de
sa compagnie. Elle était complètement disponible.
Moi, comme j’ai toujours tenu à continuer de pratiquer
ma profession. Je ne pourrai pas faire deux ans. »

De la même façon, Claude Desrosiers répondra
non à toute demande voulant qu’il devienne candidat
lors des prochaines élections Comme il a refusé d’être
candidat libéral lors des dernières dans son propre
comté d’Anjour.

ll a même l’intention d’abandonner tout militan-
tisme au sein du PLQ. « Une lois qu’on a occupé la
présidence, lance-t-il, est-ce qu’il y a quelque chose de
plus ennuyeux qu’un ont-président? »

En avril dernier, au sortir d’une forte vague
d’attaques contre le gouvernement. M. Desrosiers avait
déjà annoncé son intention de ne pas solliciter un
deuxième mandat à la présidence du parti gouverne-
mental.

« Je ne croyais pas en novembre dernier que l’on
ferait face à cette vague de critiques, d’insinuations et
d’accusations », avait-il déclaré à un journaliste. Il
n’avait alors pas caché que le PLQ éprouvait des
difficultés à faire percer le thème annuel lors des
congrès régionaux. « Tout de suite, on est ramené sur
le terrain des accusations.

Au lieu de s’intéresser et de discuter de cet
important défi, les militants veulent avoir des préci-
sions sur des quelconques irrégularités. C’est pas
vivable, » avait-il conclu.

Manoeuvre de diversion

Aujourd’hui, il se contente de souligner qu’il a
perdu pas moins de deux mois à cette époque. Il
prétend pourtant qu un nouveau climat de liberté
intellectuelle a commencé à prendre racine dans les
rangs libéraux. Et même s’il concede qu’il n’est pas
entièrement satisfait et qu’il ne touche pas encore du
doigt le résultat de ses efforts, il affirme que
« quoi qu’il arrive, je ne serai pas disponible pour un
second mandat ».

En attendant, il voudrait bien qu’en étudiant « La
famille », le parti soit en avance sur le gouvernement.

Car, contrairement à cetains critiques qui affir-
ment que se pencher sur les problèmes familiaux à ce
moment-ci de l’histoire politique québécoise, c’est
faire une manoeuvre de diversion, il croit sincèrement
que le politique sociale du gouvernement est réelle-
ment en crise.

« Toute cette politique, explique-t-il, est centrée
sur l’individu en crise. Il est temps de songer à plus
que ça. A de la prévention sociale, comme on songe à
la prévention médicale. « D’ailleurs, convient-il, il est
normal qu’un parti comme le parti libéral, avec une
clientèle » qui a elle-même une vie familiale », soit
plus préoccupé de cette question que les partis
d’opposition, qui rassemblenfles individus en crise
accusant la société de tous leurs maux.

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