Allocution de M.Robert Bourassa, Premier Ministre et Chef du Parti Liberal du Quebec a la cloture du colloque tenu au mont gabriel les 22, 23 et 24 Aout 1975

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ALLOCUTION DE M. ROBERT BOURASSA, PREMIER MINISTRE ET CHEF DU PARTI
LIBERAL DU QUEBEC A LA CLOTURE DU COLLOQUE TENU AU MONT GABRIEL LES
22, 23 ET 24 AOUT 1975. (Thème du colloque: LES ANNEES ’80)

Monsieur le Président du Parti,
Messieurs les invités,
Mes chers amis,

Je veux d’abord m’associer à Mme Taylor qui a fait un travail
exceptionnel. Elle s’est oubliée dans l’énumération des grands responsables
de ce succès du colloque et je veux la féliciter en mon nom et au nom de tous
ceux qui ont participé et qui ont été présents à ce colloque. Je veux m’as-
socier à elle pour remercier les panelistes, les organisateurs ainsi que ceux
qui se sont occupé également de l’organisation technique.

L’opportunité d’un tel colloque était apparue évidente.
Elle a été confirmée par la qualité des discussions, qui permet un élargis-
sement du débat public à des questions qui ne sont pas toujours d’actualité
immédiate, mais qui sont vécues quotidiennement, que ce soit par les travailleurs,
les chefs d’entreprises ou les parents. Ces moments de réflexion sur l’avenir
de la société québécoise sont nécessaires à plusieurs titres. En effet l’entrée
soudaine et précipitée dans le monde moderne de la société québécoise a coin-
cldé avec l’une des périodes les plus spectaculaires de transformation et de
changement dans les valeurs du monde occidental. On vous en a parlé ce matin.

A telle enseigne que certains peuvent avoir des difficultés
à distinguer dans le changement survenu, ce qu’il y a d’authentIque et de
proprement québécois de ce que nous partageons avec les autres sociétés occi-
dentales. Aussi est-il important de fournir une juste interprétation de l’é-
volution du Québec au cours des dernières années. D’autant plus d’ailleurs que
nous disposons de moins en moins de points d’ancrage solides face au change-
ment.

Ce fut la construction d’un Etat moderne, l’Etat du Québec. l’expres-
sion est de l’époque, l’apprentissage d’une l iberté nouvelle pour nos penseurs,
nos intellectuels, nos artistes, la réforme de l’éducation, en sonme une pous-
sée exceptionnelle, une cadence rapide qui cependant allait très tot connaître
ses premières difficultés devant la réticence des uns de suivre le rythme du
changement et devant l’impatience des autres de voir les choses ne pas aller
plus vite. Comme on l’a souligné hier, une société doit se bâtir avec le con-
cours des hommes et des femmes qui la composent. On ne peut la bâtir à leur
place, encore moins malgré eux.

Lorsque les transformations rejoignirent directement les indi-
vidus et les familles, quand les premières espérances tardèrent à se concré-
tiser, quand les premiers signes de violence et de désordre social apparurent,
le mouvement fut ralenti, surtout que la situation économique devenait plus
difficile et que l’avenir des milliers de jeunes que nous instruisions appa-
raissait de plus en plus incertain, alors que pour la première fois de l’his-
toire était posée en termes clairs et précis la question de l’avenir du Québec
au sein de la fédération canadienne.

Le dilemme devant lequel nous nous trouvions alors était essen-
tiellement le suivant: les ambitions légitimes de modernisation qu’il fallait
réconcilier avec celles non moins légitimes de la très grande majorité des
Québécois qui voulaient se retrouver dans les changements opérés. Voilà une
solution qu’il fallait apporter également à leurs problèmes quotidiens. Une
chose nous est apparue certaine: le Québec n’avait d’avenir véritable qu’au
sein de la fédération canadienne. En second lieu, la construction du Québec
moderne était d’abord une question de croissance et de développement écono-
mique. En troisième lieu, l’avenir culturel des Québécois francophones devait
être assuré en respectant toutefois les droits fondamentaux de tous les citoyens.

C’est sur ces bases que nous avons cru possible de reprendre
les choses en mains et de poursuivre l’effort initial de modernisation du
Québec. La confiance que les Québécois nous ont accordée depuis témoigne de
la justesse de nos vues. Nous avons pu ainsi permettre au Québec de réaliser
d’incontestables progrès. La gestion financière et administrative de l’Etat
a été améliorée. Les progranmes de justice sociale ont connu un développement
sans précédent. Des mesures courageuses«de promotion culturelle des Québécois
ont été prises, et confornément à notre engagement majeur, la prospérité du
Québec et des Québéco is a été accrue.

Je n’insisterai pas évidemment sur le bilan économique de ces
premières années. Plusieurs données pourraient être fournies pour démontrer
la remontée économique du Québec depuis cinq ans. Nous pouvons nous con-
tenter d’une seule donnée qui traduit ce progrès en termes concrets pour le
citoyen québécois. En effet le taux de croissance moyen du revenu personnel
par habitant au Québec depuis 1970 s’est accru de 12.8% alors qu’il n’était
au Canada que de 11.8% en moyenne,et ceci y compris l’augmentation du Québec,
c’est-à-dire qu’en pratique l’écart est encore plus favorable au Québec.

Donc, la croissance du revenu personnel depuis 1970 a été de
quelque 9% supérieure au Québec qu’au Canada. Et pourtant, on sait que depuis
cinq ans le Canada a été l’un des pays du monde occidental et du monde entier
où la croissance économique réelle a été la plus élevée. Le Québec ayant une
croissance nettement supérieure à celle du Canada, personne de sérieux ne peut
nier la façon exceptionnelle dont nous avons relevé le défi économique que
nous nous étions imposé à la prise du pouvoîr,et ceci malgré les obstacles
que vous connaissez.

Ceci est encore davantage mis en relief si l’on ajoute que
durant les années ’60 ’70, contrairement à ce qui existe depuis que nous
sommes au pouvoir, la croissance au Québec a été quelque peu inférieure à
celle du Canada.

Le Parti libéral n’insiste donc pas en vain sur la croissance
économique. Pour lui ce n’est évidenment pas une fin en soi. Nous avons eu
des débats très intéressants en fin de semaine sur ces questions de croissance
économique et de croissance de la consommation depuis quelques années dans le
monde occidental. Nous au Québec nous croyons qu’il nous faut poursuivre la
croissance économique, tout simplement afin d’accentuer encore davantage le
progrès social.

La social-démocratie ne se bàtit pas dans la rareté. En outre.
la croissance économique nous donne la liberté de choisir. Elle permet égale-
ment de réduire les inégalités en favorisant une répartition de la richesse
plus favorable aux moins nantis. La croissance économique doit également
s’associer à la lutte contre la pollution. Concrètement pour le Québec, ceci
veut dire d’abord viser à développer des sources d’énergie propres dont le
meilleur exemple est l’hydraulique. En effet, nous ne proposons pas, come
certains le font curieusement au Québec, de combattre la pollution par la cons-
truction de centrales nucléaires!

Pour quelques années encore, probablement jusqu’au terme des
années ’80, nous pouvons compter largement sur de nouvelles ressources hydrau-
liques. A cet égard on connaît le projet de la Baie James. On devrait même
le connaître davantage, a dit ce matin M. Kahn. J’espère que mes amis jour-
nalistes ont retenu le message de cet éminent futurologue.

Il faut donc nous préparer à l’utilisation optimale des res-
sources. A cette fin nous avons discuté à plusieurs reprises d’une telle
nécessité, notamment dans le domaine énergétique à la Conférence des Premiers
ministres de l’Est du pays et des Gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre à
Saint Andrews il y a quelques mois. Nous avons l’intention de poursuivre
prochainement à Québec ces discussions,visant un meilleur rendement pour tels
de ces ressources énergétiques.

Dans le même but de préparer l’avenir, si les problèmes de
création d’emplois, de salaires, de conditions de travail devront demeurer au
centre de nos préoccupations, des questions comme celle de savoir si le tra-
trouve ou non dans son emploi un instrument de valorisation et de satisfac-
tion personnelle prendront une signification nouvelle en regard des stricts
impératifs de productivité, comme des exigences de la civilisation des loisirs
qui s’annonce.

En sonne, il s’agira de donner une signification authentique-
ment humaine et personnelle à l’organisation et au développement de la société.
J’ai la conviction que le Québec peut réussir ainsi à placer l’honme au centre
de la réalisation de ses grands objectifs de développement. il peut se donner
canne ambition de faire de la politique un instrument d’équilibre et de dépas-
sement individuel et collectif.

Par ailleurs, en regard de la volonté sans cesse réaffirmée
des citoyens de chercher à vivre dans un univers qui leur soit naturel et
familier et d’avoir sur place tous les services dont ils ont besoin, il appa-
rait nécessaire de reconnaître une importance accrue à la région dans notre
politique économique. il ne fait pas de doute dans mon esprit que nous devons
en conséquence prendre les décisions qui s’imposent et qui devront traduire
un très net parti pris en faveur de la vie régionale.

En termes concrets, cela veut dire renforcer l’infrastructure
économique et sociale de la région, diffuser à l’échelle du territoire la ri-
chesse collective et miser sur une politique systématique de mise en oeuvre
des richesses et des ressources locales. Ce parti pris en faveur de la région
devra se réfléter au niveau de la concertation des politiques du gouvernement
québécois et du gouvernement fédéral, dans l’élaboration de la politique fis-
cale et budgétaire de l’Etat et dans l’ensemble des décisions administratives
des ministères, organismes et régies du gouvernement

Le développement d’une vie régionale authentique est essentiel
à la réalisation de tout objectif de personnalisation des rapports sociaux.
C’est au niveau local et régional que l’homme trouve les éléments premiers de
son équilibre personnel et de son identification à la collectivité. Enfin,
çour que la société québécoise puisse orienter ses efforts vers la réalisation
des aspirations profondes de l’individu, il faut qu’une solution soit apportée
à la question de l’identité culturelle des Québécois.

S’il est une constante qui se dégage de notre passé collectif,
c’est bien celle de la volonté de protéger et de développer des valeurs cul-
turelles qui nous sont particulières au sein du Canada. c’est au Gouvernement
du Québec qu’incombe la responsabilité de mettre en oeuvre une politique cul-
turelle et linguistique dynamique et conséquente avec notre avenir. S’il
était question seulement de cela, c’est-à-dire de cet attachement des Québécois
à leur langue et à leur cutture, et de cettevolonté d’affirmer leur personna-
lité culturelle , il n’y aurait pas tellement lieu de craindre pour l’avenir
il nous suffirait d’être simplement vigilants et de faire preuve de détenni-
nation et d’imagination. D’ailleurs nous avons su le faire dans le passé,
comne en témoignent la création et la production artistiques et culturelles
du Québec dont la valeur et l’originalité sont incontestables.

Le problème ne s’évalue pas à ce seul niveau. Si la probléma-
tique de notre affirmation culturelle est devenue plus exigeante, c’est que
des facteurs purement objectifs sont venus modifier la situation historique
de la langue et de la culture françaises au Québec et au Canada. Le dévelop-
pement des moyens de communication modernes, la situation de notre taux de
natalité et la difficulté croissante d’intégration des immigrants comportent
en eux-mêmes des risques évidents pour l’avenir de notre collectivité. Face
à cette situation nouvelle, la question qui se pose est de savoir si le Québec
peut s’en remettre à d’autres pour décider de la façon dont nous devons faire
face aux Changements survenus et à ceux qui s’annoncent.

La bonne foi ou l’action des hommes en place au niveau du gou-
vernement fédéral n’est pas ici en cause, non plus que les mérites d’une éven-
tuelle relêve. Le problème n’est pas au niveau des hommes, il est au niveau
des faits. Selon toute vraisemblance la population québécoise diminuera par
rapport à colle du reste du Canada. Quand nous parlons de souveraineté cultu-
relle du Québec, nous ne cherchons pas de garantie contre les personnes, nous
cherchons à protéger pour l’avenir les droits d’un peuple.

Le rapatriement de la constitution canadienne et l’adoption
d’une formule d’amendement à la constitution pourraient etre l’occasion d’une
telle reconnaissance des droits culturels des Québécois

Evidemment, dans le domaine de la revision constitutionnelle,
le Québec partage avec d’autres provinces un certain nombre d’objectifs visant
à réaliser un meilleur équilibre entre le pouvoir fédéral et le pouvoir provin-
cial. Nous avons eu d’ailleurs l’occasion d’en discuter il y aquelques jours
à la Conférence des Premiers ministres provinciaux à Saint-Jean dans la province
de Terre-Neuve.

Cependant, le Gouvernement du Québec,pour des raisons évidentes,
se doit d’exiger des garanties constitutionnelles très claires dans des secteurs
naturellement liés à la sécurité culturelle parmi lesquels les communications
et l’immigration ont une signification particulière. En tant que Chef du
Gouvernement du Québec, je suis convaincu que les Québécois n’accepteront le
rapatriement de la constitution, objectif désirable en soi, que si cette cons-
titution leur donne des garanties pour l’avenir de la culture française.

Il me semble en effet tout à fait normal que le Québec se voit
reconnaître le pouvoir et les moyens de décider finalement des questions ma-
jeures qui concernent la protection et le développement de sa langue et de sa
culture. Ainsi donc, au terme de ce colloque sur les années ’80, nous pouvons
constater que l’amélioration des relations humaines au sein de notre société
met ‘ en relief l’importance des questions de croissance économique et
exige une adaptation constante de notre fédéralisme particulièrement au Québec
en ce qui a trait aux droits culturels.

D’une façon générale on peut donc conclure ainsi: si,comme
on l’a déjà dit, la politique doit devenir l’instrument par excellence de la
gestion des besoins humains, un lieu de cohérence pour les conflits et un
espace légitime pour les affrontements et pour les réconciliations, il faudra
élargir encore davantage les voies de communication entre l’Etat et le citoyen.
Les représentants élus de la population, les membres de la fonction publique,
les groupes de pression et la presse verront ici leur role et leurs responsa-
bilités accrus en regard de ces nouveaux impératifs de rapprochement du citoyen
et de l’Etat.

Au terme de cette rencontre je propose donc au Parti libéral du
Québec et particulièrement à sa commission politique de pousser plus avant
cette réflexion sur le Québec des années ’80 et sur les moyens qui nous per-
mettront d’opérer un réel changement du contenu de la politique pour en faire
un instrument de valorisation et de dépassement individuel et collectif.

Le Parti libéral n’a jamais reculé devant aucun objectif, si
difficile soit-il. C’est un parti qui a toujours su préparer l’avenir tout
en ordonnant l’immédiat. ce colloque en est encore une fois le témoignage et
la preuve éloquente.

Conférence de presse de M. Robert Bourassa
au Mont Gabriel le 24 août 1975

Journaliste : En principe, êtes-vous d’accord avec le principe qui
est énoncé que le Québec pourrait devenir une capitale internationale des
sièges sociaux des compagnies multinationales, est-ce que vous êtes d’ac-
cord que ce serait dans l’intérêt du Québec?

M. Bourassa : Dans toute cette question des multinationales, il reste
à examiner les avantages et les désavantages il y a des avantages concrets qui sont très impor-
tants. J’ai dit que je ne voyais pas comment, je pense par exemple aux
trois multinationales qui sont sur la Côte-Nord, notamment Québec Cartier
Iron Dre, il y a 18,000 personnes qui travaillent là-dessus, elles ont
signé un contrat, une convention collective qui va leur donner des montants
considérables. On me disait que pour les trois prochaines années le mon-
tant additionnel aux 18,000 travailleurs serait très important. Il y a
des avantages concrets pour les individus.

Par ailleurs, il.y a la question du contrôle de l’économie par des
centres de décision extérieurs à ceux qui existent au Québec. C’est ça
qu’il faut évaluer quand on examine la question des multinationales, les
bénéfices immédiats à court terme. Disons que pour un certain temps, pour
le Québec, c’était important d’avoir ces bénéfices immédiats à court terme,
je pense aux 18,000 travailleurs de la Côte-Nord, si les multinationales
ne s’étaient pas établies à cet endroit, quels problèmes cela aurait
causé.

Journaliste : Il s’agit plus des cas des multinationales que des
ouvriers.

M. Bourassa: Il y a la question de l’intégration des cadres aussi.
Je pense bien qu’il faut quand même se rendre compte que c’est une thèse
qui existe depuis vingt ans, il faut quand même se rendre compte que le
pouvoir réside de plus en plus, c’est la théorie de Galbraith, chez ceux
qui administrant, chez les technocrates que chez les actionnaires. Si
ce sont des Québécois francophones, des Québécois tout court qui adminis-
trent, des résidents du Québec qui sont les administrateurs, même si le
capital-action peut être de l’extérieur, il reste que le centre de
décision est, en pratique, beaucoup plus au Québec qu’ailleurs.

Journaliste : M. Bourassa, pour revenir à l’étude de Kahn, le
fait qu’il y a des gens au ministère de l’Industrie et du Commerce
qui ont des réticences assez sérieuses… non pas ce genre d’études,
mais le fait que dans la plupart des cas les études faites par cet
institut sont toujours assez optimistes, on choisit toujours les
meilleurs statistiques, etc.

M. Bourassa : Personne ne m’a dit qu’on pouvait mettre en doute
la crédibilité de Hudson Institute, votre question revient à ça.

Journaliste : C’est qu’il y avait des réticences un peu vis-à-vis…

M. Bourassa : Des réticences parce que les chiffres ne seraient
pas fiables. Personne ne m’a dit qu’on pouvait douter de la crédibilité
d’une organisation comme ça.

Journaliste : C’est l’OPDQ comme tel qui a commandé cette étude.

M. Bourassa : M. Lachapelle pourrait vous donner des détails.

Journaliste: Avez-vous d’autres questions sur la question du contrat
de…? Y a-t-il des chiffres qui ont été émis là-dessus?

M. Bourassa : Je ne vois pas ce que cela vient faire ici. En tout cas,
je peux vous donner…

Journaliste : C’est parce que M. Kahn en a parlé.

M. Bourassa : Du sujet ou du contrat? … multinationale ou…?

Journaliste : Oui, du sujet et du contrat.

M. Bourassa : Des multinationales.

Journaliste : Il s’agit d’un contrat de combien?

M. Bourassa : Je ne sais pas. Je ne suis pas au courant des détails. Je ne
crois pas que le montant soit considérable . Je ne pense pas que …

Journaliste : Lui, il a parlé de $100,000.

Journaliste : Alors, des questions sur le colloque?

M. : sur le rapatriement de la constitution, quand croyez-vous
que les discussions Vont reprendre avec le fédéral et les autres provinces?

M. Bourassa : On en a discuté en fin de semaine à Terre-Neuve et vous
êtes au courant du communiqué disant que cela ne pouvait pas être séparé,
que cela ne pouvait pas être fait d’une façon isolée. Cela va évidemment
à l’encontre de la position de M. Trudeau. Il reste à voir quelle sera
la réaction de M. Trudeau à ce point de vue exprimé par les provinces.

Journaliste: Cela veut dire qu’actuellement. c’est à peu près la même
situation …
M. Bourassa : C’est parce qu’on m’a suggéré ici, Normand… Je m’excuse. Je peux aller
à un autre endroit, si vous voulez. On m’a dit que c’est ici…

Journaliste : C’est que votre organisation avait fait savoir que la
conférence de presse se tenait en haut à la salle de presse.

Journaliste : On peut aller à la salle de presse, si vous voulez.

Journaliste : Je n’ai pas d’objection que cela se tienne ici, mais
condition qu’on puisse s’installer pour que tout le monde puisse entendre.

M. Bourassa : D’accord. Installezevous.

Journaliste : … simple. Si vous vous mettiez au podium…

M. Bourassa : Cela fait professoral…

Journaliste Oui, mais…

M. Bourassa : Alors, les questions?

Journaliste : si j’ai bien compris, M. Bourassa, quand vous avez
parlé de souveraineté culturelle dans le cadre d’une nouvelle consti-
tution, dans le fond, votre notion de souveraineté culturelle est
conditionnée à cela. Cela me semble être une espèce d’êchappatoire.
Quand M. Lalonde a décrit à l’Anse Saint-Jean ce que cela était la
notion de souveraineté culturelle, il avait parlé d’immigration, les
communications, tout cela, mais là, vous semblez dire : Si cela ne
marche pas dans le cadre d’une nouvelle constitution, il n’y a plus
grand-chose qu’on peut faire. Je vais aller là-bas.

M. Bourassa : D’accord. Il va aller poser la question là-bas.

M. Bourassa : M. Mailhot.

M. Mailhot : La question que vous posez à M. Bourassa, quand vous
avez abordé la question de la souveraineté culturelle, mais dans le cadre
du rapatriement et de la redistribution d’une nouvelle constitution, si
vous voulez, ce que j’en ai compris, c’est que si jamais on ne parvenait
pas à s’entendre complètement sur une question comme celle-là, c’est…
aussi, la souveraineté culturelle…

M. Bourassa : Cela est évident que quand on se fixe des objectifs
on peut envisager l’échec, mais on peut envisager la réussite. Moi, je
suis convaincu que ce que demande le Québec, quand on parle de souveraineté
culturelle, on demande des choses qui nous paraissent tout à fait légitimes
et normales et j’ai expliqué dans l’exposé que j’ai fait tantôt qu’il ne
s’agit pas de blàmer les hommes en place. Les hommes en place actuelle-
ment ont fait beaucoup de choses pour la promotion de la culture française
et, dans les circonstances assez ingrates, mais nous nous plaçons dans une
perspective beaucoup plus à long terme et ceci est tout à fait compatible
avec le fédéralisme. Vous connaissez la position du Parti libéral
là-dessus, nous croyons que les Québécois peuvent, à l’intérieur du régime
fédéral, pouvoir satisfaire toutes leurs aspirations.

Fin du côté 1 de la cassette

Côté 2 de la cassette.

Journaliste : … quant à la nécessité d’obtenir d’abord des modifi-
cations constitutionnelles préalablement au rapatriement de la constitu-
tion.

M. Bourassa : Je peux simplement vous référer au communiqué qui dit
que le rapatriement est désirable en soi. Je pense que la majorité des
Québécois et des Canadiens est d’accord pour que, dans la mesure où tous
les autres facteurs sont respectés, il serait préférable que les Canadiens
puissent modifier eux-mêmes leur constitution avec des garanties pour le
Québec et les autres régions du Canada, mais que, par ailleurs, cela ne
peut pas se faire d’une façon isolée. Cela est le point de vue des premiers
ministres.

Journaliste : Mais, ma question précise est là suivante: Est-ce que
vous avaz obtenu, sur la position que vous avez exprimée très clairement
ce matin devant les dirigeants du Parti libéral, l’appui de tous les pre-
miers miniaties des autres provinces?

M. Bourassa: Je ne peux pas parler en leur nom, M. Girard. Tout
ce que je peux vous dire, c’est vous référer au consensus qui a été exprimé
dans le communiqué.

Journaliste: M. Bourassa…

M. Bourassa : Oui, Pierre.

Journaliste : … vous parlez de perspectives à long terme. on est
quand même à deux ans ou à peu près d’une prochaine élection. Est-ce qu’il
est parmi vos priorités de régler ou d’entamer ou de faire un règlement
sur cette question de souveraineté, de rapatriement?

M. Bourassa : On ne peut certainement pas dire qu’il y a des dangers
immédiats pour la culture française actuellement au Québec. Il faut quand
même être assez réaliste pour constater ce qui se fait et par le Québec,
avec la loi 22, et par le gouvernement fédéral avec toutes les entreprises
qu’il a faites depuis dix ans; donc, il n’y a pas de dangers immédiats.

Si on rapatrie la constitution–qui, elle, est un geste définitif et
historique, donc qui ne peut pas être évaluée en termes d’années mais
plutôt en termes de générations, cela fait quand même 107 ans qu’on essaie
de rapatrier–d’une façon correspondante, on doit donner aux Québécois des
garanties constitutionnelles sur l’avenir de la culture française.

Journaliste : C’est donc dire que vous ne prenez pas très au sérieux
l’avertissement de Félix-Antoine Savard, la biennale de Chicoutimi.

M. Bourassa : Non, non, ne me faites pas dire des choses comme cela.
Non, non. Ce que je veux dire, c’est que pour le gouvernement du Québec
il y a la question ce la qualité de la langue qui est très importante, mais
il y a aussi la question du travail qui est fait par le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral pour la culture française, tout ce qui a
été fait, par exemple, depuis cinq ans et même depuis quinze ans Ià-dessus.
Cela ne veut pas dire qu’il ne reste pas des choses importantes à faire
en raison de développements qui ont eu lieu comme la question du redresse-
ment de la langue, mais je fais une distinction entre les deux facteurs,
entre les deux questions.

La volonté politique du gouvernement du Québec et du gouvernement
fédéral actuels de travailler pour la culture française est clairement
établie. Cela n’empêche pas qu’il faille régler des problèmes comme ceux-
-là.

Journaliste : Ce que vous dites, M. le premier ministre, c’est que
la structure fédérale comme telle ne peut pas assurer cette sécurité
culturelle. c’est par hasard que des hommes qui sont là ont pu le faire.

M. Bourassa : Par hasard, cela me paraît peut-être un peu fort parce
qu’il y a quand même, disons, une dynamique politique qui fait que les
Québécois constituaient jusqu’à un tiers de la population jusqu’a tout
récemment et qu’il y avait des traditions permettant à des francophones
d’occuper des postes importants. cette dynamique politique peut peut-être
s’atténuer avec le temps en tenant compte de facteurs objectifs comme
ceux de la baisse de la natalité au Québec et le déclin de la proportion
francophone au Canada.

C’est pourquoi je dis que si on parle en termes de générations et
non plus en termes d’années, en termes d’années, disons qu’il y a une
conjugaison d’efforts pour la culture française, même s’il reste des
problèmes sérieux à régler, qui est plus forte que jamais auparavant, mais
en termes de générations–c’est ce qu’on fait quand on parle de constitution–
il est essentiel que dans cette constitution, qui va être un document qui
liera les Québécois et les Canadiens jusqu’à la fin, indéfiniment, que dans
ce document on ait des garanties pour la culture québécoise française.

M. Girard : M. le premier ministre, sur le même sujet.

M. Bourassa: Excuse-moi; Normand.

Journaliste : Quand vous parlez des garanties constitutionnelles
pour le Québec, voulez-vous dire que ce seraient des garanties
spécifiquement pour le Québec ou pour toutes les provinces ensemble?
C’est-à-dire, est-ce qu’il y aurait un statut particulier ou spécial
pour le Québec?

M. Bourassa : Je voie difficilement, à moins qu’on soit tellement
ingénieux qu’on puisse trouver d’autres formules, à ce que le
gouvernement du Québec ne soit pas impliqué dans ces garanties parce
que, pour les francophones, c’est le seul gouvernement où ils sont
majoritaires en Amérique du Nord.

Alors, cela devrait être ce gouvernement qui, en fin de compte,
ait les pouvoirs de décision finale dans les questions de la culture.
On peut dire que c’est invraisemblable qu’un gouvernement fédéral
puisse prendre des décisions contre les francophones du Québec; on peut
le soutenir avec réalisme mais c’est invraisemblable.

Mais si, dans quinze ans, un successeur du maire Jones remplace
Gérard Pelletier, cela pourrait paraître un peu moins invraisemblable.
C’est contre cela, ne serait-ce que pour permettre aux Québécois de
pouvoir apaiser leur inquiétude vis-à-vis des facteurs démographiques
que nous connaissons et l’accélération du développement des
communications, que ces garanties constitutionnelles sont utiles.

Journaliste : Est-ce que le Québec devrait avoir des garanties,
des responsabilités qui ne seront pas accordées aux autres provinces?
Est-ce que le Québec aurait le même statut que chacune des autres
provinces?

M. Bourassa : Si, disons, le gouvernement fédéral décide, dans
les domaines de communication et d’immigration, de décentraliser sa
politique au point que cela peut s’appliquer à toutes les provinces,
ce que nous voulons–M. L’Allier l’a exprimé et M. Hardy continue la
lutte–nous l’avons dit à Ottawa. Si le fédéral est prêt à l’accorder
à toutes les provinces, c’est sa décision. Mais ce qu’il nous faut,
ce sont ces éléments qui nous permettent de constater que nous avons
une souveraineté culturelle.

M. Girard : M. le premier ministre…

M. Bourassa : Je ne sais pas, M. Keable, cela fait plusieurs fois
qu’il lève la main.

M. Keable : C’est sur l’autre sujet.

M. Girard : sur le même sujet et ce sera ma dernière question
là-dessus. A l’issue ce la conférence des premiers ministres de
Terre-Neuve, on a évoqué la possibilité d’une prochaine réunion
fédérale-provinciale,au niveau des premiers ministres, peut-être à la
fin de l’année ou au débit de l’année 1976.

Ma question est la suivante: Est-ce qu’il s’agira d’une conférence
constitutionnelle demandée par l’ensemble des premiers ministres
provinciaux?

M. Bourassa: Je crois que si on en a parlé, c’est pour les coûts
de la santé.

Journaliste: Après Victoria. M. Bourassa, M. Trudeau avait dit que,
la révision de la constitution dépendait maintenant d’un premier geste,
d’un premier pas du Québec qu’il àppartenait au Québec de sortir le dossier,
de relancer le dossier. de faire la demande, la proposition. Vous dites
maintenant à M. Trudeau: Rapatrier, on n’est pas contre, mais à condition
qu’on ait des garanties culturelles. Etant donné ce que M. Trudeau a
déjà dit, est-ce que vous allez faire ce premier geste, ce premier pas
demandant de rapatrier la constitution?

M. Bourassa : M. Trudeau avait dit cela, comme vous le dites, mais
il a parlé un peu différemment au lendemain de son élection en 1974.
il a dit qu’il était intéressé à rapatrier la constitution. Alors,
c’est à la suite de cette déclaration… je l’ai fait à quelques repri-
ses, mais je le fais d’une façon plus formelle aujourd’hui, que…

Journaliste : Est-ce vous estimez, M. le premier ministre, que
c’est important de rapatrier la constitution ou estwce qu’elle ne pour-
rait pas rester à Londres encore cinquante ans?

M. Bourassa : Je crois que c’est désirable que les Canadiens–ce
n’est pas un retard de quelques années qui peut modifier l’équilibre
politique au Canada–mais c’est désirable pour les Canadiens et les
Québécois que ce soient les Canadiens qui s’occupent de leur consti-
tution, comme M. Trudeau l’a dit avec raison. Nous sommes peut-être
le seul pays au monde ou sa constitution est dans un autre pays.

Journaliste : Sur le même sujet encore, est-ce que vous seriez
prêt…

M. Bourassa: Est-ce que Jean Dumas pourrait… qui est président
ou vice-président, parce que je ne veux pas avoir l’air de faire du
favoritisme quand je choisis les réponses. On nous accuse assez de
favoritisme.

Journaliste: Est-ce que vous seriez prêt à demander officielle-
ment aux neuf autres provinces de convoquer une nouvelle conférence
constitutionnelle et sinon, pourquoi ne le faites-vous pas?

M. Bourassa: J’ai déjà répondu là-dessus que s’il n’y a pas de
chance de succès, ça ne donne rien de convoquer une conférence cons-
titutionnelle. Si M. Trudeau dit qu’il n’est pas question qu’on dis-
cute de rien d’autre que du rapatriement, que le Québec et d’autres pro-
vinces ne sont pas d’accord, ce serait convoquer une conférence consti-
tutionnelle, ce serait tout simplement courir à un échec. Cela suppose
des discussions préalables et s’il y a possibilité sérieuse d’entente…
il y a d’autres questions dont on peut discuter, je tiens bien à le
signaler, d’autres provinces ont manifesté d’autres sujets. Dans le cas
du Québec, c’est pour ça que j’ai dit dans mon texte que la révision cons-
titutionnelle, nous étions d’accord avec les objectifs des autres provinces
dans leur ensemble, mais pour nous particulièrement, indépendamment des
autres questions dont on peut discuter, il y a cette question des droits
culturels.

Journaliste: Quand le Québec demande le pouvoir final de décision
dans l’immigration, qu’est-ce que ça laisse au gouvernement fédéral,
au gouvernemant canadien, de la citoyenneté canadienne?

M. Bourassa: La rédaction des amendements ne sera pas la chose
la plus facile, je suis d’accord, mais d’un autre côté, je ne peux pas
admettre comme le chef de la seule communauté francophone en nmérique
du Nord, moins d’un quarantième, je ne peux pas admettre qu’un autre
gouvernement,qui est redevable à une majorité qui n’est pas la leur,
pourrait, en matière d’immigration, prendre des mesures qui pourraient
comporter des risques pour l’évolution de la culture française au
Québec. Il s’agit de trouver les formules. étant donné qu’on est dans
un marché commun et qu’on sera toujours dans un marché commun, quel
que soit l’avenir po1itique–j’essaie de référer–étant donné qu’on
est au moins dans des régions où il n’y a pas de frontière, je ne dis
pas que la formule, dans le cas de l’immigration est facile à trouver.

Il faut qu’on soit en mesure, d’une façon très claire, à la lumière
de ces amendements constitutionnels qu’on peut assumer par hypothèse.
de constater qu’il ne sera pas possible à un autre gouvernement de
prendre des décisions qui pourraient comporter des risques pour la
culture française, qui pourraient décider que, massivement, tel type
d’immigration se trouverait à engendrer un déséquilibre ethnique ou
linguistique au sein du Québec.

M. : Le coeur du problème pour moi est ceci: Un gouvernement
régional. comme le vôtre décide qui peut entrer dans votre région,
ce n’est plus une région, c’est un pays indépendant et ce n’est plus
un système fédéraliste.

M. Bourassa : Je ne suis pas d’accord avec vous, Je crois que vous
avez une conception très orthodoxe et assez restreinte du fédéralisme.
on parle d’établir un fédéralisme en Europe d’ici quelques années et
on parle d’avoir un Parlement fédéral au suffrage universel–je ne
veux pas qu’on compare les deux Situations–mais je ne vois pas en
quoi le fédéralisme,qui est peut-être la formule politique la plus
souple qui puisse exister, ne serait pas compatible avec le fédéralisme
d’autant plus que ce que nous demandons paraît tellement coller au bon sens
historique des Québécois. On veut dans les secteurs qui nous distinguent
des autres, étant donné qu’on veut s’épanouir, avoir des garanties
constitutionnelles.

M.: Sur l’immigration, c’est presque une demanda pour
pouvoir admettre des.pasaaports de la province de Québec.

M. Bourassa : on peut essayer d’examiner des formules qui permettant
au gouvernement du Québec d’être–il faudrait que cela soit très clair–
–satisfait sur la possibilité ou la non-possibilité d’un autre gouver-
nement d’entraîner un déséquilibre linguistique au sein au Québec.
C’est le défi et le pari du parti de mon gouvernement. Nous refu-
sons le fédéralisme très orthodoxe et centralisateur dans plusieurs
secteurs et nous refusons l’indépendance type africain qu’on propose
de l’autre côté. Ce qu’on veut est la formule dont je vous parle
depuis quelques années.

Modérateur : M. Keable.

M. Keable : Sur un autre sujet dont il a été question… Est-ce qu’il
y a un contrat ou une négociation en vue d’un contrat entre le Québec et
la Hudson Institute directement aux Etats-Unis ou via sa filiale à Montréal?

M. Bourassa : on s’est ‘ bousculé sur moi tantôt pour me parler de
cela, je ne vois pas ce que cela vient faire. mais je suis prêt à répon-
dre. Il y a plusieurs mois, on m’avait parlé de la possibilité d’un tel
contrat, je crois que le montant est de $100,000, M.Kahn a parlé de
$100,000, je crois,ou un chiffre de cet ordre-là et, évidemment,il y a des
milliers de contrats qui sont donnés par le gouvernement du Québec ou par
les agences; il est probable, je crois que c’était en discussion. C’est
en discussion avec l’OPDQ et le conseil du trésor. Je n’ai pas le temps
de suivre en détail tous les contrats qui se donnent.

M. Keable : Est-ce que cela s’inscrit à l’intérieur d’une étude plus
vaste ou est-ce un contrat très spécifique sur une question précise?

M. Bourassa : Il y a plusieurs contrats qui sont donnés par l’OPDQ.
Malheureusement, avoir su que vous étiez pour me poser ces questions,
j’aurais pu avoir tous les détails de la réponse; M. Kahn m’en a dit
un mot hier après-midi en me disant qu’il était en discussion avec l’OPDQ;
et il y avait ses collaborateurs aussi, mais cela n’est pas allé plus
loin que cela. Lundi, je pourrai avoir tous les détails, si vous voulez,
et je pourrai vous donner tous les détails lundi. exactement le montant.
ou cela en est dans les négociations et cela fait partie de quoi.

M. Keable : Vous.personnellement, est-ce que vous avez eu des contacts
avec M. Kahn ou avec les gens de sa maison?

M. Bourassa : M. Kahn m’en a parlé hier très brièvement. on m’avait
parlé, il y a quelques mois, d’une telle possibilité à travers beaucoup
de choses.

Journaliste : Vous ne l’avez pas rencontré pour discuter.

M. Bourassa : Non, hier,c’êtait simplement à l’occasion… J’ai
rencontré la plupart des invités hiergalors. il est venu m’en parler.
on m’avait parlé, il y a quelques mois, d’une telle possibilité d’un con-
trat, mais j’aimerais mieux vérifier exactement où cela en est, le montant,
cela fait partie de quoi et Çharles Denis pourrait émettre un communiqué
demain ou vous donner cela à titre d’information.

Journaliste: J’aurais deux questions à poser. Une question de
fond assez importante, je crois, et l’autre, une question de forme.
Tout simplement pour réserver ma place pour une deuxième question. La
question de fond , c’est qu’il est question, pour sauvegarder la souve-
raineté culturelle du Québec, de choses comme les communications, la
langue…

M. Bourassa : L’immigration.

Journaliste : … et l’immigration. Mais, au moment où le Québec
va demander des garanties, lors d’une possible conférence constitutionnelle
et même en dehors d’une conférence, les Canadiens des autres provinces
qui ont, eux aussi, leurs objectifs nationaux, vont demander, sinon des
garanties, peut-être une certaine liberté d’action. Vous savei certaine-
ment que, depuis deux ans, les organismes professionnels du monde de l’édu-
cation au Canada anglais, c’est-à-dire les associations de maîtres, les
directeurs d’écoles, les associations de commissaires sont extrêmement
inquiets de voir qu’on dépense trois fois plus d’argent par élève en
Ontario qu’à Terre-Neuve, en Alberta qu’au Manitoba et exigent à chacun
de leur congrès la création d’un organisme quelconque, ministère, bureau,
office destiné à assurer une normalisation des conditions d’éducation,
des modes d’éducation, des méthodes d’éducation et surtout des dépenses
d’éducation à travers le Canada. Est-ce que le Québec s’opposerait à la
création d’un ministère ou d’un paraministère fédéral de l’Education?

M. Bourassa : Il peut y avoir des types de collaboration. Evidemment.
cela me paraît impensable pour l’instant, à moins qu’un ministère ne veuil-
le rien dire, mais je ne pense pas que le Québec puisse jamais accepter
la création d’un ministère de l’Education fédéral. Cela n’empêche pas la
collaboration qui peut exister dans le domaine de la recherche; on fait
cela à l’Euratom, en Europe, alors a fortiori dans un régime plus intégré
comme le nôtre. Cela ne donne rien d’avoir des dédoublements dans le
domaine de la recherche et des gaspillages de fonds publics, mais de là
à avoir un organisme structuré qui s’occuperait de l’éducation, je pense
que cela paraît inacceptable.

Journaliste : Je vous posais la question parce qu’aux conférences
constitutionnelles précédentes, depuis 1964, ce que le Québec demandait
pour le rapatriement de la constitution c’était, au fond, un droit de veto
sur des choses déjà inscrites dans la constitution et non pas à venir comme
l’immigration ou les communications.

Est-ce que le Québec exigerait toujours ce droit de veto?

M. Bourassa : Dans le domaine de la culture, je crois que là-dessus
la position du Québec sera toujours très claire. Quant à moi, ce serait
non négociable. Dans les autres secteurs, il est inévitable qu’il y ait
des coordinations de plus en plus étroites dans le domaine social et dans
le domaine économique. on ne peut pas, au Québec, avoir des charges
sociales… on s’en aperçoit avec la fiscalité, là. Nous avons eu un
régime fiscal qui est de plus en plus différent de celui de l’Ontario.
c’est dire qu’on a utilisé l’inflation pour redistribuer les-revenus aux
moins favorisés–c’est l’exemple concret de la social-démocratie–alors que
pourles autres provinces l’indexation est proportionnelle aux revenus.

Combien de fois vous ai-je dit que le gars qui gagne $6,000, avec
notre système, avait 20 fois plus qu’avec le système proposé par les autres
partis politiques au Québec? Dans ces secteurs. on ne peut pas aller au-delà
d’un certain point parce que si 1e cadre de Toronto, finalement, gagne
$3,000 de plus. après taxes, qu’à Montréal, il va rester à Montréal, mais
si cela tombe à $5,000, il va songer à déménager en Ontario. Il va y avoir
un différentiel qui va devenir de plus en plus stimulant sur la mobilité de
la main-d’oeuvre. c’est pourquoi on a certaines limites.

Dans le domaine économique. c’est la même chose. Le Québec exporte
la moitié de ce qu’il produit dans le secteur manufacturier. Il n’y a pas
un endroit au monde qui dépend autant du commerce international que nous,
probablement, si on exporte la moitié. c’est pour cela que je crois à une
association économique et sociale très étroite et qui repose forcément sur
un lien fédéral. Cela me paraît inévitable et cela fait dix ans que je le
dis et je vais le répéter. Je ne vois pas comment, s’il n’y a pas de lien
fédéral. on peut avoir une économie intégrée comme la nôtre, qui nous donne
des avantages que vous connaissez: cela, c’est le social et l’économique.

D’ailleurs, dans toutes ces questions, le Québec est appuyé, quand
il fait des propositions, par d’autres provinces.

Dans le domaine culturel, c’est différent. On a là des objectifs
tout à fait particuliers. Dans les communications, on a vu, on nous a
appuyés et finalement, quand le « crunch » est arrivé, si on peut dire,
l’appui était moins fort.

Journaliste : Ils sont toujours comme cela.

M. Bourassa : Non, non, ils ne font pas toujours cela parce que dans
le domaine social et économique il y a des intérêts communs.

Journaliste: une question: Dans le domaine de l’éducation, est-ce
que les provinces qui désirent une plus grande cohésion nationale
canadienne vont continuer à vous appuyer?

M. Bourassa : Dans le domaine de l’éducation, j’ai dit tantôt que
l’éducation faisait partie, en’vertu de la constitution de la
souveraineté des provinces. Alors, je ne vois pas comment le
gouvernement pourrait accepter des transferts de souveraineté dans le
domaine de l’éducation.

Dans ces secteurs, j’ai dit que la position du Québec–cela
n’empêche pas les arrangements pratiques, il ne faut quand même pas
être obstinés au point de perdre des avantages pratiques–il ne faudra
jamais que ces arrangements se trouvent à comporter des risques pour
le progrès de la culture française ou son maintien.

On a comme gouvernement québécois, et j’en suis très conscient,
et je l’ai drôlement senti à victoria, une responsabilité tout à fait
particulière et extrêmement importante sur le plan historique.

Modérateur : Sur un autre sujet, on pourrait revenir après.
M. Mailhot, s’il vous plaît.

M. Mailhot : M. Bourassa, suite aux déclarations de Terre-Neuve
concernant les investissements étrangers, il est clair que vous prenez
vos distances de plus en plus vis-à-vis de certaines politiques
fédérales dans ce domaine. Est-ce qu’on peut en conclure que vous
voulez en arriver à une certaine–appelons cela comme cela pour les
besoins de la cause–souveraineté économique pour le Québec qui, par
exemple, empêcherait le Québec d’être soumis à des politiques fédérales
éventuelles qui, dans le domaine économique, seraient susceptibles de
favoriser certaines régions davantage que d’autres?

M. Bourassa: Je ne peux pas concevoir une souveraineté économique.

M. Jacques-Yvan Morin–le colloque est fini, on peut parler un peu des
adversaires–parlait de souveraineté pétrolière alors qu’on n’a pas de
pétrole au Québec. Cela, évidemment ils n’en sont pas à une déclaration
curieuse près.

Je ne crois pas que le Québec aurait intérêt à une souveraineté
économique. cela n’empêche pas qu’on a, et là-dessus les Maritimes
sont encore plus, si je puis dire, claires sur le fait que les lois
fédérales sur les investissements étrangers créaient des préjudices.
Quand il faut remplir quinze pages de formules avant de considérer si
on investit dans un pays; déjà nous avons des contraintes linguistiques
qui vont devenir de plus en plus importantes pour les investissements
étrangers, et on en a besoin. Un négociateur du ministère du Travail
me disait, par exemple, que la dernière convention collective sur la
Côte-Nord, qui comporte 18,500 travailleurs et trois multinationales,
pour les trois prochaines années–je dis le chiffre sous toute réserve,
c‘est lui qui me l’a donné–au-delà de $150 millions de revenus
additionnels pour ces 18,000 travailleurs. Si on n’avait pas Iron ore
et Québec Cartier ou ces multinationales, on ne pourrait pas trouver
ces sommes additionnelles,sans compter les salaires qu’ils ont déjà.

La position du Québec, c’est que dans la première partie sur les
« take over » ou les prises de contrôle, le gouvernement du Québec a eu une
très bonne collaboration du gouvernement fédéral. Dans la deuxième partie,
nous avons encore besoin, pour plusieurs années, de capital étranger, la
technologie, et cela nous permet de faire face au défi des années soixante-
dix au Québec qui est de créer le maximum de nouveaux emplois. on le sait.
Je l’ai dit combien de fois? En 1970, quand j’ai pris le pouvoir, il y avait
60,000 Québécois qui quittaient le Québec et l’an dernier, 23,000.
Evidemment, si on additionne les huit années ensemble, on peut dire que
300,000 Québécois ont quitté le Québec, mais si on regarde les chiffres
d’une façon plus précise, on s’aperçoit qu’il y a eu une chute radicale
de 1970 à 1975.

Donc, « firsthing first »comme disent les Anglais, ce qui est important,
c’est de créer des emplois pour garder ces Québécois et c’est ce qu’on a
fait avec le capital étranger. Là, disons que la situation s’étant améliorée
on veut faire en sorte que le capital étranger puisse s’intégrer à notre
économie avec le « know how » que cela peut apporter, avec l’adaptation aux
entreprises autochtones, on veut avoir une liberté de manoeuvre dans cette
venue d’investissements étrangers. adapter ces investissements à nos besoins
propres et en tenant compte de nos priorités culturelles économiques et
régionales.

Si on a un investissement étranger qui est prêt à aller, disons, en
Gaspésie et qu’il est extrêmement important, si les critères fédéraux nous
empêchent de l’avoir, on n’acceptera pas cela du tout. On espère que dans
la deuxième partie le gouvernement fédéral fera suffisamment preuve de
flexibilité–c’est une loi qu’il a adoptée quand il était minoritaire–
pour nous permettre d’adapter ces investissements à nos objectifs.

M. L’Heureux : Dans le domaine particulier des communications, vous
savez que le gouvernement fédéral s’apprête à adopter une loi, à l’automne,
pour consolider ses pouvoirs dans ce domaine. Le ministre L’Allier avait
dit que si le Québec attendait que cette loi soit adoptée il serait beaucoup
plus difficile, par la suite, d’obtenir des changements à la position
fédérale. Est-ce que vous entendez faire des pressions pour que le fédéral
retarde sa loi? Comment manipulez-vous, actuellement, ce dossier
particulier que le ministre L’Allier vous a remis?

M. Bourassa : Il peut y avoir une stratégie fédérale dans tout cela,
j’aurai la mienne.

Journaliste : Celle du Québec est laquelle?

M. Bourassa: D’habitude, on ne dévoile pas nos stratégies d’avance,
si on veut qu’elles soient efficaces.

M. Girard: M. le premier ministre, il y a une commission d’enquête
qui a récemment étalé au grand jour la faillite d’une société paragouverne-
mentale, la société d’habitation du Quépec; je voudrais savoir si le
gouvernement a l’intention de donner une suite immédiate à ce rapport
autre que la nomination d’un nouveau président, c’est-à-dire restructurer
complètement l’organisme et de quelle façon on va y procéder?

M. Bourassa: Disons qu’il y a eu ce rapport qui ne révélait aucune
espère de fraude mais disons un manque de dynamisme administratif. Il y a
75 agences gouvernementales. Il peut y avoir quelques-uns où il y a
un manque de dynamisme administratif. Là-dessus, je tiens à dire que le
fait que cela ait été envoyé, je crois, à six ou sept heures…Je ne veux
pas qu’on nous prêts des arrière-pensées. Je lisais votre article…

M. Girard : …

M. Bourassa : Non, non, mais je veux dire, c’est quand même…
Je vous connais assez alerte et assez intelligent pour voir que ce
genre de manoeuvre ne donnerait absolument rien. D’ailleurs, vous vous
êtes repris le lendemain.

Pour ce qui a trait à cela, nous avons l’intention d’examiner des
amendements à apporter à la loi sur la Société d’habitation. on voulait
les annoncer à l’occasion de la nomination de M. Saulnier mais on veut
en discuter, il y a un comité qui a été formé avec MM. Saint-Pierre,
Goldbloom, Garneau, pour examiner cette question. Dans le domaine de
l’habitation, il y a certainement beaucoup de choses à faire au cours
des prochaines années.

M. Paré: Une petite annexe à la question de Girard: Est-ce que
vous considérez la faillite ou la semi-faillite de la Société
d’habitation comme un exemple de ce que disait M. Chrétien la semaine
dernier sur la qualité respective des fonctionnaires fédéraux et
provinciaux?

M. Bourassa: Si on faisait enquête sur tous les organismes
fédéraux, comme nous faisons enquête sur tous nos organismes, je ne
sais pas quel serait le résultat; c’est la même chose dans les autres
provinces. Il n’y a pas un gouvernement qui enquête autant sur ses
organismes, et publiquement et en nommant des gens qui ne sont pas
libéraux pour Être sûr que les recommandations ne pourront être accusées.
Trouvez un autre gouvernement comme cela, confier tous les dossiers de
la sûreté à des gens qui militent dans d’autres partie politiques! Si
ce n’est pas la preuve que le gouvernement veut aqir sérieusement…

Est-ce que la réponse vous satisfait?

M. Paré : Oui.

M. Bourassa : D’accord.

M. Paré : La question que je voulais vous poser a trait non pas
aux politiques de votre gouvernement mais à l’utilisation du vocabulaire
politique. Vous avez utilisé quatre fois, depuis le début de la
conférence de presse, les mots « une indépendance à l’africaine ».

J’aimerais que vous nous expliquiez…

M. Bourassa : Deux fois: j’ai dit « une indépendance à l’africaine »
et une « indépendance de type africain ».

M. Paré : Ah! bon. J’aimerais que vous nous expliqùiez comment
un pays moderne, industrialisé, au bord de l’ère post-industrielle,
comme le Québec où la population est totalement alphabétisée, qui a
120,000 étudiants dans ses universités, qui est un pays social-
-démocrate, pourrait réussir une indépendance identique à celle de
pays sous-développés où on meurt de faim, où 95% de la population est
analphabète et ainsi de suite, même s’ils voulaient y réussir?

M. Bourassa : Ce qu’on propose dans l’autre parti politique qui,
curieusement, ne fait pas de colloque, c’est l’indépendance de type
traditionnel comme on en a eu en Afrique depuis 25 ans. Je crois
qu’il y a eu peut-être, je ne sais pas combien de coups d’Etat en
Afrique depuis 25 ans. Ce que je dis, je ne dis pas que l’économie
québécoise se compare à celle du Zaire ou de l’Ouganda, sans comparer
les chefs politiques, c’est que la formule qui est proposée est celle
qui a été choisie depuis 25 ans dans ces pays.

Même si nous avons un niveau de vie très supérieur, encore plus supérieur
que la moyenne… on a eu une croissance supérieure à la moyenne canadien-
ne depuis cinq ans, c’est peut-être la réponse la plus éclatante aux criti-
ques de notre politique économique, alors que de 1960 à 1970 cela avait
été inférieur, depuis qu’on est au pouvoir, c’est supérieur. Nous ne voyons
pas comment cette formule traditionnelle à l’africaine, parce que ce sont
eux qui l’ont appliquéed’une façon accélérée depuis une génération, je ne
vois pas comment cette formule serait avantageuse pour le Québec. On a
beaucoup de choses au Québec, mais on n’a pas d’uranium, pas de gaz, pas
de pétrole. Dieu sait comment c’est important dans les ressources énergé-
tiques et dans l’économie d’un pays. On a une mobilité de capital au
Québec et une mobilité de la main-d’oeuvre qui est probablement unique au
monde.

Cela veut dire que des transformations politiques radicales pour-
raient être très dommageables. C’est comme la question du référendum,
ça veut dire que pour deux ans il y aurait une union monétaire temporaire,
pour beaucoup de Québécois, parler d’un référendum–c’est M. Dupuis qui
en a parlé le premier, Yvon Dupuis, ç’a été suivi par le Parti québér
cois–voudrait dire qu’entre-temps il y a une union monétaire temporaire,
avec tous les risques que ça comporte, dans un pays ou la mobilité de
capital est très forte. Cela veut dire que les gens pourraient expatrier
leurs capitaux et créer des tensions économiques telles qu’au moment du
référendum il y aurait tellement de tension économique négative que le
référendum serait voué à un échec avec tous les effets sociaux, psycholo-
giques, économiques et moraux sur la population du Québec à ce moment.

M. Paré : J’ai demandé simplement pourquoi vous utilisiez pour
cette indépendance traditionnelle le mot africain, alors qu’il y a seule-
ment 20 pays indépendants d’Afrique et qu’il y en a 26 qui ont la même
indépendance en Europe, comme le Danemark, la Suisse ou l‘Allemagne qui
n’ont pas d’uranium, de pétrole ou de gaz.

M. Bourassa : Si je l’emploie, M. Paré, c’est qu’en Europe, contrai-
rement à l’Afrique, on s’oriente vers un parlement fédéral comme on a ici
alors qu’en Afrique on propose des formules comme celles du parti que vous
connaissez. C’est pour ça…

Journaliste : Demandez-vous toujours une certaine espèce d’indépen-
dance…

M. Bourassa : Je parle de souveraineté culturelle dans un fédéralis-
me économique. Je vais défendre le régime fédéral jusqu’à la limite de
mes forces parce que je suis convaincu que si nous perdions ce lien fédéral
il faudrait le recréer par la suite et entre-temps ça voudrait dire une
saignée exceptionnelle pour le Québec.

Journaliste: Le rôle du fédéral est d’assurer l’économie du Québec
aussi.

M. Bourassa : Non, le rôle du fédéral est d’assurer une coordination
économique, une répartition des richesses économiques à l’intérieur du
Canada, comme on s’oriente non seulement au niveau européen, mais au
niveau supranational, de plus en plus, on parle d’une répartition des
richesses énergétiques. C’est ce dont on a parlé vendredi soir, Le rôle
du fédéral reste encore important, c’est évident. Dans le budget fédéral,
les questions culturelles sont peut-être de 1%. On ne détruit pas le pays
si on parle de souveraineté culturelle.

Dans le budget fédéral, les questions culturelles,
c’est peut-être 1%. On ne détruit pas le pays si on parle de
souveraineté culturelle. Le social et l’économique sont de loin
en termes budgétaires concrets. Alors, il resterait un gouvernement
fédéral qui aurait des responsabilités très concrètes.

Nous avons beaucoup plus d’intérêt à faire partie de ce fédéralisme
qu’avoir disons une indépendance–je ne la qualifierai pas pour M.
Paré–qui nous donnerait peut-être un ambassadeur aux Nations Unies,
mais quoi de plus avec combien de problèmes?

Après les feux d’artifice, la minute de vérité serait drôlement
dure.

Modérateur: M. Mailhot.

M. Mailhot : Dans le parc fédéral, au saguenay, le ministre
Buchanan disait, la semaine dernière, que d’après lui les deux
niveaux de gouvernement en arriveraient à une entente finale d’ici
le mois d’octobre. Vous avez participé récemment à une rencontre
là-dessus avec M. Chrétien. Où en est rendu ce dossier? Est-il
exact que l’on songe à échanger les terrains du Saquenay pour une
partie des terres qui avaient été expropriées en trop ou certains
disaient illégalement à Mirabel?

M. Bourassa : C’est une solution qui est sérieusement envisagée.

M. Mailhot … le dossier. Etes-vous d’accord que…

M. Bourassa : on voudrait prendre une décision d’ici un mois
làsdessus. Cela fait combien de temps qu’on discute de cette question.
Je sais que les gens de la région le veulent énormément. Il y a beau-
coup d’avantages économiques pour la région. J’ai rencontré M.
Chrétien là-dessus, M. Buchanan et nous avons examiné les conditions
du gouvernement du Québec, la coordination avec les parc provinciaux,
la question de l’échange des terrains, la question des bénéfices
économiques réels, pas seulement annoncés, mais ceux qui seront réels.

Journaliste: Est-ce qu’il s’agirait d’une cession de terrains
complète ou…?

M. Bourassa : Cela serait comme les autres parcs, le parc de la
Mauricie, le parc Forillon, mais c’est discuté très très sérieusement.

Modérateur: Alors, messieurs, si vous êtes d’accord, une autre
question principale et après quoi nous passerons aux entrevues.

Il y a monsieur ici qui attend depuis longtemps.

Journaliste: Dans votre discours de tantôt, vous avez parlé de
mettre l’accent sur le développement des régions. Qu’est-ce que
cela veut dire? Cela veut-il dire que le gouvernement du Québec
donnerait des pouvoirs aux régions?

M. Bourassa : Il ne s’agit pas d’avoir un quatrième palier de
gouvernement, mais je crois que dans les politiques du gouvernement,
les politiques d’ensemble au cours des prochaines années, même si on
l’a fait pas mal et qu’on essaie de le faire beaucoup dans la réparti-
tion’des investissements. on doit avoir continuellement comme objec-
tif de fond un développement régional aussi poussé que possible.

Je serai disponible pour les interviews, si vous voulez, pour la
radio et pour la télévision.

Journaliste: Juste une seconde, M. Bourassa. Une question que
je n’ai pas eu le temps de vous poser.

M. Bourassa : Oui, je vous en prie.

Journaliste: Quelle autre suite entendez-vous donner au colloque
à part le travail de la commission politique?

M. Bourassa : On doit discuter. Je vais faire des congrès régionaux
là-dessus.

Journaliste : Quelqu’un m’a dit qu’il était censé avoir un mini
Lac-à-L’Epaule là-dessus.

M. Bourassa : Je vais annoncer cela, pas sur le colloque comme tel,
les sujets du colloque sont discutés, mais il est possible
qu’il y en ait un.

Journaliste : Bientôt?

M. Bourassa : Oui.

Journaliste: Cela veut dire quoi bientôt?

M. Bourassa : C’est à la suite du remaniement et tout cela…
J’avais prévu, mais je veux dire que je pourrai…

Journaliste : Au cours des prochaines semaines?

M. Bourassa : C’est à la suite du remaniement que j’avais prévu tout
cela, mais je veux dire, je pourrai…

Journaliste : Au cours des prochaines semaines ou plus tard?

M. Bourassa : Assez proche.

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