« Les francophones seront là, mais travailleront en anglais », Le Soleil [de Québec] (25 août 1975)


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Date: 1975-08-25
Par: Le Soleil
Citation: « Les francophones seront là, mais travailleront en anglais », Le Soleil [de Québec] (25 août 1975).
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Privy Council Office

Bureau du Conseil privé

PRESS CLIPPINGS COUPURES DE JOURNAUX

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Nom de la publication

LE SOLEIL

Date

AUG 25 1975

Les francophones seront là,
mais travailleront en anglais

Le français sera très largement
présent dans la haute direction des
entreprises au Québec, mais le nombre
dcïrancophones utilisant l’anglais
dans une partie importante de leur
travail ira en augmentant.

C’est la projection pour le moins
paradoxale sur les années 80 que le
président de la Bourse de Montréal et
ex-grand commis de l’Etat québécois,
M. Michel Bélanger, a faite, en fin de
semaine, au colloque de réflexion du
Parti libéral.

Dans un texte qui tranchait nette-
ment avcc les autres par son réalisme,
M. Bélanger a affirmé que dans la
société

encore plus concurrentielle des
années 80, les dirigeants des entrepri-
ses devront avoir non seulement la
compétence technique, mais aussi
celle qui permet de mener à bien une
politique de consultation et de divul-
gation dans leur propre milieu.

« Il me parait clair que des Québé-
cois francophones occuperont les pos-
tes de direction dans la structure
québécoise des entreprises canadien-
nes ou multinationales en 1990. 1l ne
s’agira plus de compter les têtes
d’affiche.

« Comme la concurrence pour ob-
tenir les meilleurs hommes sera vive,
il va de soi que l’entreprise qui cura
su assurer une présence dynamique de
francophones dans sa haute direction,
pourra plus facilement recruter et
développer la relève nécessaire », a
ajouté l’ex-sous-ministre de l’industrie
et du Commerce.

Un paradoxe

Selon lui, les chances des franco-
phones deccéder à des postes supé-
rieurs etant meilleures, l’usage du
français comme langue de travail ira
en augmentant.

« Mais en même temps, dans une
économie toujours ouverte, la présen-
ce d’un plus grand nombre de diri-
geants francophones dans des entre-
prises dont l’ensemble de l’activité
n’est pas limité au Québec fera qu’un

plus grand nombre de francophones
utiliseront l’anglais dans une partie
importante de leur travail », devait-il
préciser.

Quant aux entreprises dont les
propriétaires et la clientèle sont déjà
québécois ou francophones, clics au-
ront comme principal défi d’élargir
leur marché en dehors du Québec. Là
aussi, par conséquent, l’usage de l’an-
glais par des dirigeants francophones,
dans leurs relations d’affaires, devrait
augmenter plutôt que de diminuer »,
croit aussi le président de la Bourse
de Montréal.

Par ailleurs, ce grand commis de
l’Etat québécois pendant plusieurs
années prévoit également pour les
années 80:

a) que la structure d’entreprise
sera plus autonome pour les activités
québécoises d’entreprises canadien-
nes ou multinationales;

b) que les décisions résuiteront
d’un échange plus grand à tous les
niveaux, et les politiques et leurs
résultats feront l’objet d’une divulga-
tion continue;

c) que les cadres et dirigeants
seront asoumis à plus de concurrence;

d) que la main-d’oeuvre sera un
bien rare;

e) que la société québécoise reflé-
tera le conservatisme d’une nouvelle
orthodoxie.

MM. Crozier et Tremblay

Dans le même atelier sur le tra-
vail, M. Michel Crozier, un réputé
sociologue français, a vertement re-
proche aux dirigeants gouvernemen-
taux en général de ne pas consacrer
suffisamment d’efforts pour l’analyse
d’une situation avant d’y apporter des
solutions.

Une bonne analyse préalable
d’une situation donnée conduirait à
des coûts beaucoup moins élevés sur
le plan des solutions et permettrait
aux réformes de se réaliser dans le
sens du système plutôt que contre lui
et, en conséquence, dans un cadre
beaucoup plus favorable au succès.

Le conférencier a, dans un autre »
ordre d’idées, qualifié de formule
« dangereuse pour le moment. » la co-
gestion et a parlé de « l’illusion de
l’autogestion ».

Selon lui, l’autogestion est uto-
pique parce qu’elle se centre sur le
problème de l’individu et de la petite
cellule. A son avis, la nécessité de
l’interrelation de plus en plus grande
vient en contradiction avec l’autono-
mie de la petite cellule.

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