Gilbert Athot, « Sérénité inusitée au Colloque libéral », Le Soleil [de Québec] (23 août 1975)


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Date: 1975-08-23
Par: Gilbert Athot (Le Soleil)
Citation: Gilbert Athot, « Sérénité inusitée au Colloque libéral », Le Soleil [de Québec] (23 août 1975).
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Name of Publication Nom de la publication
LE SOLEIL

Date
AUG 23 1975

Sérénité inusitée
au Colloque libéral

par Gilbert ATHOT
envoyé spécial du Soleil

MONT-GABRIEL— Le colloque de
ré?exion que le Parti libéral du
Québec a inauguré, hier soir, se veut
un événement provocateur, mais non
sensationnaliste, selon les propos du
président du parti, le notaire mont-
réalais Claude Desrosiers.

« Nous avons voulu que ce colloque
soit un événement provocateur. Non
pas une source de sensatlonnalisme,
mais une occasion de stimulations au
contact des idées qui y seront échan-
gées et discutées », a affirmé M. Desro-
siers dans son allocution d’ouverture
du colloque.

Ces propos du président du parti
ont d’autant plus de signification que
le colloque. dont le thème général est
« Les années 80 », risque de se dérouler
dans une atmosphère fort sereine, ce
qui est plutôt inusité pour un événe-
ment du genre.

Un invité s’absente

D’ailleurs, ce que de nombreux
journalistes affectés à la couverture de
la politique provinciale avalent déjà
prévu il y a quelques semaines a été
renforcé davantage par l’absence de
M. Jean Daniel, directeur de la rédac-
tion au prestigieux hebdomadaire
français Le Nouvel Observateur.

Empêché de venir à la dernière
minute en raison de la situatiop
tendue en Europe et surtout au Portu-
gal, M. Daniel était à peu prés la seule
personnalité dont les propos auraient
pu déranger véritablement les libé-
raux dans leur quiétude du pouvoir.

Pas de souveraineté culturelle

Par ailleurs, à moins de surprises
de dernière minute, le thème de la
souveraineté culturelle sera absent de
cette fin de semaine qui se veut
pourtant avant tout une occasion de
réfléchir sur l’avenir du Québec, plus
précisément celui des années 80.

Cette omission est significative car
le thème de la souveraineté culturelle
est constamment dans l’actualité de-
puis quelques semaines, surtout de-
puis que l’ancien ministre des Commu-
nications, M. Jean-Paul L’Allier, a subi
un échec retentissant lora de la plus
récente conférence fédérale provin-
ciale.

Lors du colloque libéral d’août-
1973, le professeur Léon Dion de
l’université Laval, avait créé tout un
émoi en allant dire au premier mi-
nistre Robert Bourassa et aux mili-
tants libéraux que le slogan de la
souveraineté culturel n’avait aucun
sens dans le régime constitutionnel
actuel.

C’est probablement dans cet opti-
que de sérénité voulue par les diri-
geants du Parti libéral que le notaire
Desrosiers a émis le souhait aux
quelque 300 participants arrivés hier
soir: « S’il est un souhait que je désire
formuler à ce moment-ci, c’est que ce
colloque soit une occasion de ré?e-
xion réelle où chacun d’entre nous
cherchera beaucoup plus a s’interro-
ger qu’à formuler de rapides solutions
qu’il brandira désormais comme une
panacée.

« Profitons de ces deux jours pour
fair le plan et être mieux en mesure
de placer dans leurs justes perspecti-
ves les éléments qui constitueront
demain au Québec les points fonda-
mentaux d’interrogation et les jalons
des solutions que nous choisirons
d’apporter », a-t-il ajouté.

Même le premier ministre Bouras-
sa, dans les quelques rares paroles
qu’il a prononcées, a senti le besoin de
dire officiellement ce que tout le
monde sait déjà officieusement: « Il
n’est pas question que ce colloque soit
suivi d’un rendez-vous électoral ».

Pour les journalistes présenta, ce
n’était qu’une preuve de plus du cadre
serein que les libéraux ont voulu pour
ce colloque. L’intérêt de ces derniers
semble surtout se porter vers les
retombées publicitaires momentanées
de l’événement.

Futur immédiat

Cet « événement provocateur »
amènera le PLQ en fin de semaine à se
tourner vers les années 1980, en
colportant des thèmes comme les
relations humaines, le travail et la
famille, à l’aide de personnalités euro-
péennes, un leader d’opinion améri-
cain et six figures québécoises.

Ainsi, BMM. Maurice Guernier,
membre fondateur du Club de Rome,
et Larkin Kerwin, recteur de l’univer-
sité Laval, ont animé à deux l’atelier
sur les relations humaines, dans la
soirée de vendredi. Juste avant la
clôture du colloque dimanche midi,
MM. Herman Kahn, fondateur et direc-
teur de l’institut Hudson, et Hans
Selye, proiesseur et directeur de l’Ins-
titut de médecine et de chirurgie
expérimentales de l’université de
Montréal, prendront la relève.

Dans l’atelier sur le travail, trois
panélistes: MM. Michel Crosier, profes-
seur au département de sociologie du
travail à la Sorbonne. Michel Bélan-
ger, président et directeur général de
la Bourse de Montréal, ainsi que
Louis-Marie Tremblay, professeur de
relations industrielles à l’université
de Montréal.

Finalement, dans l’atelier sur la
famille, on retrouvera Mme Evelyne
Lapierre-Adamcyk, MM. Hubert
Guindon, professeur de sociologie à
l’université de Concordia et Philippe
Aries, professeur à la faculté des
Sciences sociales de la Sorbonne.

Le PLQ a tenu son premier collo-
que à Montmorency en I939, et, selon
M. Desrosiers, ce troisième colloque
indique que le parti au pouvoirs s’est
maintenant ressaisi à la suite des
nombreux scandales qui ont déferlé
depuis le printemps dernier.

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