Pierre O’Neill, « Un choix: culture ou niveau de view », Le Devoir [de Montréal] (28 juillet 1975)
Informations sur le document
Date: 1975-07-28
Par: Pierre O’Neill (Le Devoir)
Citation: Pierre O’Neill, « Un choix: culture ou niveau de view », Le Devoir [de Montréal] (28 juillet 1975).
Autres formats: Consulter le document original (PDF).
Privy Council Office Bureau du Conseil privé
PRESS CLIPPINGS COUPURES DE JOURNAUX
Name of Publication Nom de la publication
Le Devoir
Date
JUL 28 1975
La question fondamentale selon Bourassa
Un Choix: culture ou
niveau de vie
par Pierre O’Neill
DANVILLE – A moins que le gouver-
nement fédéral n’accorde au Québec la
souveraineté culturelle, les Québécois
devront eventuellement faire un choix
entre la culture et le niveau de vie. C’est-
à-dire, entre l’indépendance et le fédéra-
lisme.
S’adressant aux jeunes libéraux réunis
à Danville, puis répondant aux questions
des journalistes, le premier minsitre du
Québec a clairement indiqué que si son
gouvernement consentait une nouvelle
fois à discuter du rapatriement de la
constitution dans une conférence
fédérale-provinciale, ce sera pour « aller
jusqu’au bout »
Mais avant de proposer une réouver-
ture du débat sur la formule de rapatrie-
ment de la constitution, le gouvernement
s’accordera une longue période de ré-
flexion à laquelle seront invités à parti-
ciper ministres, députés et militants. Cela
afin d’en peser minutieusement toutes les
implications et surtout parce qu’un nou-
vel échec comme celui de Victoria « ne
serait pas tellement bon pour le régime
fédéral »
Avec l’évolution des institutions, des
structures politiques, M. Bourassa de-
meure néanmoins confiant que de nou-
veaux efforts de compréhension mettront
en relief que les choses n’ont pas à aller
aussi loin. « Nous croyons que l’indépen-
dance serait économiquement ca-
tastrophique et culturellement inutile. »
Et si les Québécois obtenaient la souve-
raineté culturelle, soulignait le chef du
Parti libéral, les indépendantistes y
perdraient tout arhument. Dans cette op-
tique, M. Bourassa voit deux conditions
essentielles: l’appui de la majorité des
Québécois et des dirigeants fédéraux sen-
sibilisés à la volonté du gouvernement
québécois. « Il parait clair que la seule op-
position, c’est la souveraineté culturelle.
Autrement, les Québécois devront faire
un choix. »
Un choix inutile et dangereux pour l’a
venir culturel des Québécois, estime M.
Bourassa qui s’interroge sur les résultats
d’une consultation ou les Québécois se-
raient appelés à trancher entre la culture
et le niveau de vie, « C’est la question fon-
damentale. »
Sir les versants du mont Scotch, près de
Danville, dans le comté de Richmond,
c’est un dialogue en plein air qui s’oblige
M. Bourassa à s’expliquer aussi longue-
ment sur la notion de souveraineté cultu-
relle et les qualités fédéralisme cana-
dien. Il participait au colloque camping
de fin de semaine qui a réuni plus de 900
jeunes libéraux de tous les coins de la
province. La participation aux ateliers de
travail n’a jamais dépassé 300 personnes
mais fut très animée.
Aucun doute que la manifestation an-
noncée comme « laboratoire d’idées » a
plutôt été le plus sévère forum auquel a
consent à se prêter le chef du gouverne-
ment depuis la prise du pouvoir. Ses mi-
nistres et lui ont eu droit aux apostrophes
les plus typiques et mal polies de la jeune
génération. Sauf, peut-être, le ministre
des Communications, M. Jean-Paul L’Al-
lier, en voie de devenir, le René Léves-
que du Parti libéral. L’épiloque reste à
venir.
C’est ainsi que sur un ton assez fami-
lier, M. Bourassa s’est fait reprocher de
manquer de volonté politique, de jouer
avec des logans vides de sens, d’avoir en-
couragé la tenue de Jeux olympiques cou-
teux plutôt que de réaliser une véritable
social-démocratie, de ne pas avoir rempli
sa promesse de création de 100,000
emplois, de favoriser un style de leaders-
hip trop discret, voire sournois, et enfin
d’avoir permis que ses députés se votent
des augmentations de salaires impres-
sionnantes à un moment où l’inflation
effrite le pouvoir d’achat du modeste tra-
vailleur.
Certaines de ces attaques ont visible-
ment heurté le premier ministre. Mais il
faut l’avoir vu se débattre et chercher
querelle à l’Assemblée nationale pour sa-
voir qu’en ces moments, il devient redou-
table. Somme toute, il aura eu le dernier
mot, quoi qu’il se souviendra sans doute
longtemps de ce colloque-camping. De
leur côté, certains organisateurs libéraux
se demandent si les péquistes n’étaient
pas plus nombreux que prévu, puisque la
participation n’avait pas été rigoureuse-
ment réservée aux membres du parti.
Interrogé sur les critères dont il s’est
inspiré pour planifier le remaniement du
cabinet, M. Bourassa a répondu:
« le chef doit tenir compte des priorités
ainsi que des collègues du cabinet qui
souhaitent de nouveaux défis. Il doit tenir
compte encore de l’harmonie administra-
tive et de l’équillibre régional. Enfin, il
faut préparer les années ’80. »