Pierre O’Neill, « Pas de rapatriement de l’AANB sans ‘sécurité culturelle' », Le Devoir [de Montréal] (21 avril 1975)


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Date: 1975-04-21
Par: Pierre O’Neill (Le Devoir)
Citation: Pierre O’Neill, « Pas de rapatriement de l’AANB sans ‘sécurité culturelle' », Le Devoir [de Montréal] (21 avril 1975).
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Premier ministre

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Name of Publication Le Devoir Nom de la publication

Date APR 21 1975 Date

Pour le Québec

Pas de rapatriement
de l’AANB sans
« sécurité culturelle »

par Pierre O’Neill

Le Québec ne s’opposera pas au ra-
patriement de la constitution au Canada
dans la mesure où il obtiendra des pou-
voirs additionnels en matières d’immigra-
tion et de communications ou encore des
garanties constitutionnelles qui lui per-
mettent d’assurer la protection de son
identité culturelle.

A l’occasion du diner-bénéfice du Parti
libéral du Québec, regroupant plus de
6,000 militants à l’hotel Reine-Elizabeth
de Montréal, le premier ministre, M. Ro-
bert Bourassa, reformulait ainsi hier la
position de son gouvernement dans la
perspective d’une prochaine conférence
fédérale-provinciale sur la constitution.

Essentiellement, M. Bourassa a expli-
qué que les gouvernements fédéraux des
années 80 ne seront pas nécessairement
aussi disposes que les Trudeau, Marchand
et Pelletier d’aujourd’hui à défendre les
intérêts des francophones à Ottawa. Nous
avons actuellement à Ottawa un groupe
très fort de francophones qui contribuent,
avec toutes les régions du Canada et du
Quebec en particulier, à promouvoir la
culture francophone. Alos que la propor-
tion des francophones décline au sein du
Canada, nous n’avons pas de garanties
que nous aurons une représentation aussi
forte dans dix ou quinze ans. Il est donc
normal que dans le domaine culturel,
nous travaillons à la protection de notre
culture avec des garanties constitution-
nelles.

Dans cette optique, M. Bourassa a sou-
ligné l’étape fondamentale de l’adoption
du bill 22 et soutenu qu’un élargissement
de pouvoirs dans l’immigration et les
communications saurait renforcer le fédé-
ralisme aux yeux des Québécois. « Cet as-
pect parmi d’autres est particulièrement
important dans la question du rapatrie-
ment ».

Oeillet rouge à la boutonniere, c’est un
chef de parti débordant d’aplomb qui a
servi une envoiée oratoire partisane à une
auditoire modérément enthousiaste. Ses
attaques contre le Parti québécois et sa
dénonciation du document de la CEQ fu-
rent les moments les plus appréciés et lui
ont mérité de frénetiques applaudisse-
ments.

Après avoir vanté le courage d’un gou-
vernement qui n’a pas craint de légiférer
pour faire du français la langue officielle,
M. Bourassa s’est adressé aux anglopho-
nes, dans leur langue, pour expliquer que
le bill 22 s’imposait dans un Canada où la
proportion de francophones décroit gra-
vement, où le rôle des communications
devient chaque jour plus déterminant et
alors que « nous sommes un petit peuple
de quelques millions dans un continent de
200 millions d’anglophones ».

Dans un autre temps, le premier mi-
nistre libéral a énuméré les motifs de
fierté qui devraient faire vibrer les Qué-
bécois: les projets des Jeux olympiques et
de la Baie James; le dynamisme de notre
économie; le potentiel exceptionnel des
richesses naturelles; l’originalité de notre
culture; le rythme de notre évolution so-
ciale.

Puis, dans un second temps, le chef li-
béral a rappelé à ses militants que son
gouvernement a su dans cinq ans d’admi-
nistration respecter tous ses engage-
ments nous avons relancé l’économie,
nous avons assaini les finances publiques,
nous avons rétabli la paix sociale, nous
avons réduit les impôts ainsi que la dette
per capita.

Au chapitre de la qualité de gestion de
son gouvernement, M. Bourassa a plus
encore fair valoir qu’après cinq années
d’administration « personne n’a pu trou-
ver un seul cas de favoritisme injustifié de
la part du gouvernement et on a été inca-
pable de nous attaquer sérieusement ». Il
s’est notamment félicité d’avoir pris des
mesures comme la tenue d’enquêtes
publiques et le décret de règlements
contre les conflits d’intérêts pour arriver
à cette « excellente » qualité de gestion
gouvernementale.

M. Bourassa a d’autre part vigoureuse-
ment dénoncé hier le manifeste de la Cor-
poration des enseignants du Québec, con-
cernant la journée pédagogique prévue
pour le 1er mai, fête des travailleurs.

Sous les cris approbateurs des 6,000 mi-
litants libéraux réunis hier à l’hôtel
Reine-Elisabeth, le chef du parti a accusé
le CEQ d’utiliser les enfants pour propa-
ger la haine sociale.

« Le Parti libéral est contre » a lancé M.
Bourassa, en invitant le président du
Parti québécois à cesser de faire l’hy-
pocrite et d’indiquer clairement sa posi-
tion. « Dites-le, M. Lévesque, si vous êtes
oui ou non d’accord avec la CEQ qui in-
cite les enfants à la haine et qui stimule la
lutte des classes. »

Au nom du Parti québécois, jeudi der-
nier, le député de Lafontaine, M. Marcel
Léger, avait émis un commentaire que
certains milieux ont jugé équivoque. Tout
en déplorant l’agressivité qui caractérise
ce document, M. Léger alléguait alors que
le texte de la CEQ contient néanmoins
des intentions valables devant permettre
de sensibiliser les écoliers aux situations
sociales et ce faisant leur donnera l’op-
portunité de développer leur sens criti-
que.

Intitulé « pour une journée d’école au
service de la classe ouvrière » le docu-
ment de la CEQ a été préparé à l’int
tion des enseignants membres
centrale en prévision de la fête

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