Michel Roy, « Repatriement et garanties », Le Devoir [de Montréal] (21 avril 1975)


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Date: 1975-04-21
Par: Michel Roy (Le Devoir)
Citation: Michel Roy, « Repatriement et garanties », Le Devoir [de Montréal] (21 avril 1975).
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Office of The Prime Minister
Cabinet du Premier ministre

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Name of Publication Le Devoir Nom de la publication

Date APR 21 1975 Date

Repatriement
et garanties

Devant les militants de son Parti, M.
Bourassa déclarait hier que les Québe-
cois ne sont pas opposés au repatrie-
ment de la constitution, objectif au-
quel M Trudeau attache une impor-
tance capitale. Mais il est normal,
ajoutait le premier ministre du Qué-
bec, que nous exigions des garanties
constitutionnelles pour la protection
de notre culture.

Autrement dit, pour éviter la répéti-
tion de l’échec de Victoria en 1971, il
faudrait que le nouveau texte de la
constitution offre au Québec des dis-
positions telles que son gouvernement
puisse promouvoir comme il l’entend
la culture française. Car s’il est vrai
que le groupe francophone est actuel-
lement nombreux et fort à Ottawa,
« nous n’avons pas de garantie qu’en
ou nous aurons la même pro-
portion de ministres francophones. »

Ce n’est pas la première fois que M.
Bourassa invoque cet argument qui
m’est pas dépourvu d’un certain rea-
lisme, compte tenu de la diminution
proportionnelle des francophones au
Canada. C’est en somme le vieux dé-
bat de la souveraineté culturelle dans
le fédéralisme économique que
reprend ainsi le chef du Parti libéral
qui, à la limite, se fait ainsi le défen-
seur de la thèse des « Etats associés »

Mais au-delà des slogans — qui ont
sans doute quelque succès puisque le
premier minsitre ne cesse de les mar-
–on ne sait toujours pas de
façon précise quelle pourrait être la
nature des garanties de caractère cul-
turel qu’envisage de réclamer le Qué-
bec. Hier, M. Bourassa précisait que
son gouvernement exigera des pou-
voirs additionnels dans les domaines
des communications et de l’immigra-
tion. Sur ces deux points, puisqu’ils
sont identifiées, MM. L’Allier et Bien-
venue ont déjà apporté des indications
générales. Toutefois, s’il est vrai que le
Québec veut prochainemement s’enga-
ger dans une nouvelle phase de négo-
ciations constitutionnelles, le temps
est venu de mieux circonscrire — et de
manière concrète — ceux des pouvoirs
qui paraissent au gouvernement indis-
pensables à la protection culturelle des
Québécois.

Se proprose-t-on, au des
communications, de reclamer un
de Radio-Canada, une place au
CRTC, un secteur de l’ONF? Ou
simplement l’assurance que des délé-
gués du Québec, désignés par le gou-
vernement, seront automatiquement
appelés à siéger dans les conseils d’ad-
ministration des sociétés fédérales à
caractère culturel? Cette présence de
représentants officiels du gouverne-
ment québécois dans les organismes
fédéraux suffirait-elle à « garantir » l’é-
panouissement de la culture au Qué-
bec?

Cette façon de poser le probleme
implique que, dans cinq ou 10 ans, les
organismes fédéraux à caractère cultu-
rel, qui jouissent d’une large autono-
mie, cesseraient d’encourager et de
subventionner la culture au Québec
grâce à l’appui d’un gouvernement fé-
déral au duquel les francophones
seraient moins nombreux.

Telle serait donc l’hypothèse sur la
quelle vont s’appuyer les spécialistes
du gouvernement québécois pour
mettre au point des propositions cons-
titutionnelles. On éprouve le besoin
d’en savoir plus long.

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